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[Interview] Sissal : « La musique, c’est avant tout de partager un moment avec les gens, pas une compétition »

Sissal a gagné son ticket pour l’Eurovision il y a quelques semaines. Talentueuse et passionnée, elle a gagné le Dansk Melodi Grand Prix et représentera le Danemark. Entre deux pré parties et dans tous les préparatifs, elle nous a accordé une vingtaine de minutes pour nous parler de son univers et de son parcours à l’Eurovision 2025.

Salut Sissal, merci beaucoup d’être avec nous aujourd’hui ! On sait que tu es super occupée en ce moment, donc c’est un vrai plaisir de t’avoir. Tu l’as dit en interview : gagner le Dansk Melodi Grand Prix était un rêve pour toi. Mission accomplie ! Félicitations ! Est-ce que tu peux nous replonger dans ce moment ? Qu’est-ce qui t’est passé par la tête quand ton nom a été annoncé ?

Honnêtement… j’étais l’une des grandes favorites, donc la pression était énorme. J’essayais de ne pas trop regarder les pronostics, mais (en superfinale) il n’y avait qu’un point d’écart avec le deuxième, donc c’était super serré.

Quand ils ont annoncé mon nom, j’ai eu un moment de flottement. On le voit d’ailleurs dans ma réaction : je ne saute même pas de joie, je suis juste là genre « Attends… Ils ont bien dit mon nom là ? » C’était vraiment surréaliste, presque comme une hallucination (rires). Mais surtout, un énorme soulagement. Toute cette pression accumulée… la victoire a été une vraie libération.

Sissal gagne le Dansk Melodi Grand Prix - Credit Michael Thygesen / Good Evening Europe
Sissal gagne le Dansk Melodi Grand Prix – Credit Michael Thygesen / Good Evening Europe

On a quelques petites questions funs pour mieux te découvrir. Si tu étais une saveur de glace, ce serait quoi ?

Ooooh, je dirais… réglisse salée ! (rires) Je crois que vous n’avez pas ça en France. C’est un bonbon danois noir, à la fois salé et sucré, que j’adore. Donc ouais, une glace à la réglisse salée… avec du chocolat blanc par-dessus, ce serait parfait.

Il faut qu’on aille à Copenhague goûter ça ! (rires) Et ton classique au karaoké ?

Je finis toujours par chanter « I Have Nothing » de Whitney Houston. C’est un classique, c’est une chanson où je peux vraiment utiliser ma voix. Mais mes potes en ont marre (rires), c’est toujours la même. Je fais pas souvent de karaoké en vrai, parce que je trouve que c’est plus marrant quand on ne chante pas bien. Et moi, j’arrive pas à mal chanter exprès… donc j’évite.

Est-ce que tu as un talent un peu insolite que les gens ignorent ?

Je suis super manuelle ! Je couds mes propres vêtements, j’ai construit des étagères, des placards, même mon lit et mon canapé. J’ai posé le carrelage dans ma cuisine, changé le sol… Je suis une vraie bricoleuse. Les gens sont souvent choqués à cause de mes ongles longs : “Comment tu fais avec ça ?” Mais ça marche très bien !

(elle nous montre ses ongles) Et tu fais aussi tes ongles toi-même ?

Ah non, ça c’est ma nail artist ! C’est la seule chose que je délègue. (rires)

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Tu es aussi maman de deux petites filles. Comment est-ce qu’elles t’inspirent dans ce parcours Eurovision ?

Elles sont tout pour moi. Peu importe ce qui se passe après l’Eurovision, elles restent ma priorité. J’ai une famille incroyable, leur papa est génial et très présent. Je suis beaucoup plus souvent en déplacement maintenant, je voyage à travers l’Europe, et elles le sentent, bien sûr. Mais c’est temporaire, jusqu’en mai. Mais je pense que ce qui est bien, c’est qu’ils me permettent de rester stable. J’ai les pieds sur terre parce que j’ai des enfants et qu’il faut que je garde les pieds sur terre.

J’ai deux filles, une de trois ans et une de six. La plus petite, elle ne réalise pas du tout ce qui se passe. La grande, elle comprend. Quand je leur dis que je pars pour un concert, elle sait ce que ça veut dire, parce qu’elle était au Dansk Melodi Grand Prix. Elle se souvient de ce que c’est.

La petite y était aussi, mais elle ne s’en souvient pas vraiment, donc elle vit un peu plus mal mes absences. Alors que la grande… elle le dit à tout le monde dans la rue :
“Ma maman, elle a gagné le Melodi Grand Prix !”
Et moi je suis là : “Oh non…” (rires)
Et les gens : “Ah, bravo alors !”

Elles connaissent connaît ta chanson ? Elles la chantent ?

Oh oui, tout le temps. Même la petite ! Elles la chantent tout le temps, elles la fredonnent sans arrêt… vraiment, tout le temps. Elles me soutiennent à fond.

Tu disais vouloir participer au MGP avec la bonne chanson. Qu’est-ce qui t’a fait dire que Hallucination était la bonne pour toi ?

J’ai toujours dit que si je participais, ce serait avec un morceau eurodance. J’adore les ballades, surtout à l’Eurovision, mais ce style ne me représente pas autant. La musique que je fais en dehors de ce projet, c’est justement de l’eurodance — c’est vraiment mon univers.

Quand on a écrit Hallucination, au départ ce n’était même pas prévu pour moi. J’étais en session d’écriture pour d’autres artistes et on a composé quatre titres. Mais celui-là, je me suis dit direct : Je le veux. C’est exactement mon style.

Et comme j’ai aussi coécrit les paroles, elles me parlent énormément. Je m’y reconnais, c’est personnel. Et puis dès les premières notes, j’ai trouvé le morceau super accrocheur. Je sentais vraiment qu’il avait le potentiel de remporter le MGP.

Sissal au Dansk Melodi Grand Prix 2025 - Credit Agnete Schlichtkrull / DR
Sissal au Dansk Melodi Grand Prix 2025 – Credit Agnete Schlichtkrull / DR

Tu as chanté à la Pre-Party d’Amsterdam la semaine dernière. C’était incroyable, vraiment ! Ces pre-parties, tu les vis plutôt comme des répétitions grandeur nature ou comme des moments de fête avec tes fans ?

Pour moi, ce qui rend l’aventure Eurovision vraiment fun, ce sont justement les pre-parties. La finale, c’est un peu l’ultime étape, mais tout ce qu’il y a avant, comme rencontrer les autres artistes, échanger avec eux, partager des moments… c’est ça qui est précieux.

Et puis, chanter en live devant un public, c’est ce qu’il y a de plus grisant pour un·e artiste. À Amsterdam, dès que je suis montée sur scène, j’ai senti une énergie de dingue. Le public m’a tellement portée ! Et quand tout le monde s’est mis à chanter le refrain de Hallucination, c’était fou — j’ai vraiment ressenti tout cet amour.

Au final, je crois que je profite encore plus des pre-parties que de l’idée même de l’Eurovision, parce qu’il n’y a pas cette pression de la compétition. C’est juste du plaisir pur, du partage avec les gens qui aiment ta musique.

Et justement, en parlant de s’amuser, on t’a vue passer un super moment à Amsterdam (sur les réseaux) avec certains de tes nouveaux amis — JJ, Kyle Alessandro… Vous êtes vraiment proches ?

Oui, très proches. C’est fou… Parfois, tu rencontres des personnes avec qui le courant passe instantanément. Il y a une vraie alchimie, sans que tu puisses vraiment l’expliquer. Avec eux, ça a été immédiat. Depuis quelques semaines, on s’appelle tous les jours en FaceTime, on échange tout le temps. C’est devenu hyper naturel.

Et c’est assez étrange pour moi parce que, d’habitude, je déteste les silences gênants. Mais avec JJ, par exemple, on était dans la voiture en direction de l’aéroport, épuisés, et on n’a pas parlé pendant un long moment… et c’était parfaitement confortable. C’est ce genre de silence qui te fait comprendre que tu es en sécurité dans cette amitié. Il n’y avait rien de forcé, aucune gêne. C’est rare et précieux de trouver ça.

Donc oui, ce lien est réel. Ce n’est pas juste pour le show ou pour l’instant. Je suis certaine qu’on restera amis même après l’Eurovision.

Et de manière plus générale, avec tous les autres artistes : tu ressens plutôt un esprit de camaraderie ou une ambiance compétitive ?

Ah non, il n’y a vraiment aucune compétition entre nous. L’ambiance est hyper bienveillante. Tous les artistes que j’ai rencontrés sont adorables. Je n’ai croisé personne qui m’ait donné une mauvaise impression ou qui soit là uniquement pour gagner. Au contraire, tout le monde est super ouvert, heureux d’être là, curieux des autres… Il y a un vrai esprit de partage.

Et c’est exactement ce que devrait être la musique, à mes yeux. Si jamais je n’arrive pas jusqu’à la finale, je ne vais pas me dire que je suis une mauvaise chanteuse ou que ma chanson est nulle. C’est juste que cette fois, ça ne l’a pas fait.

Et je pense que beaucoup d’artistes présents à l’Eurovision comprennent ça aussi. Du coup, personne ne se prend la tête — on est là avant tout pour la musique, pour les rencontres.

C’est vraiment chouette à voir, de l’extérieur, toutes ces belles interactions entre les artistes. Tu as mentionné que la mise en scène au Dansk Melodi Grand Prix t’avait un peu laissée sur ta faim. Et que ta victoire, c’est ta voix qui l’a portée — ce qui est totalement vrai, au passage.
Mais du coup, pour la performance à Bâle, à quel point as-tu ton mot à dire sur la direction artistique ?

J’ai quand même mon mot à dire, oui. Même si je ne suis pas une personne très « visuelle » ou portée sur l’esthétique au sens artistique, j’avais quelques envies précises. Ce que je voulais surtout, c’était créer un élément marquant sur scène. Quelque chose qui reste en tête. Quand on pense à des performances comme celles de Loreen avec son fameux carré, ou de Nemo avec sa plateforme circulaire… chacun avait un élément fort qui marquait l’esprit.

Donc pour Hallucination, l’idée, c’était : comment retranscrire cette sensation sur scène, comment l’amplifier, sans en faire trop ? Parce que parfois, une mise en scène trop chargée peut desservir la chanson. Il fallait trouver le bon équilibre pour sublimer l’univers du morceau.

Comment tu te prépares physiquement et mentalement pour un événement d’une telle ampleur ? Il y a énormément de pression. Est-ce que tu as une routine ou une sorte d’hygiène de vie pour rester au top ?

Alors en ce moment, c’est un peu particulier… Je suis tombée malade deux fois en trois semaines, ce qui est vraiment rare pour moi — je ne suis quasiment jamais malade d’habitude. Je pense que c’est lié au stress, et aussi au fait que je ne mange pas du tout pareil en déplacement qu’à la maison.

Quand je suis chez moi, j’ai une alimentation riche en protéines, je fais beaucoup de sport, surtout pour garder une bonne capacité pulmonaire, pouvoir courir sur scène et chanter sans perdre le souffle. Donc physiquement, ma préparation repose beaucoup sur une bonne alimentation et l’exercice régulier.

Mentalement, en revanche, je me sens super bien. J’essaie vraiment de profiter de chaque moment. Je sais que je ne fais pas partie des favorites pour remporter l’Eurovision, donc je ne ressens pas cette énorme pression. Mon seul vrai objectif, c’est d’atteindre la finale.

Alors je prends les choses comme elles viennent, je m’amuse, et je vis pleinement l’expérience. C’est ma manière à moi de me préparer : en restant dans le plaisir.

Il y a quelques jours, on a tous bien ri en regardant ta vidéo Instagram où tu commentais ta propre performance. Comment tu fais pour rester aussi optimiste, malgré la pression de la qualification pour l’Eurovision ?

Je crois que c’est simplement ma façon de gérer les choses. L’humour, c’est vraiment mon mécanisme de défense. Je ne suis pas toujours en mode « je prends tout à la légère » — enfin si, un peu quand même ! Je suis très ironique et sarcastique, c’est vrai, mais en réalité, je suis aussi quelqu’un de très sensible. Je ressens beaucoup, je pleure facilement.

Mais justement, si je n’arrivais pas à rire de moi-même, surtout après une performance que j’ai trouvée ennuyeuse, ça rendrait les choses beaucoup plus difficiles à vivre. Pour moi, le mieux, c’était d’en rire, de me dire « Bon, j’ai quand même gagné, c’est quoi la suite ? Qu’est-ce que je peux améliorer ?« 

Je pense que je suis naturellement optimiste. J’ai toujours eu tendance à voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Je ne sais pas si c’est un trait de caractère ou juste une façon d’aborder la vie, mais c’est comme ça que je fonctionne.

Je sais que tu es très occupée, donc merci pour ton temps. Bonne chance pour Bâle, et on te soutiendra sur scène !


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