Chaque année l’Eurovision nous réserve des surprises et souvent un OVNI (Objet Vocal Non Identifié) sort du lot. Cette année c’est la participation de l’Estonie qui fait (beucoup) parler, avec Tommy Cash and its " Espresso Macchiato" . Somewhere between absurdist satire and hyper-mastered performance, he turns codes on their head with an act that seems to both celebrate and mock Italian clichés.
Espresso Macchiato est-il un acte de provocation gratuite avec un Tommy Cash en simple quête de buzz, ou tout cela s’apparente-t-il à une sorte de délire créatif ? Plongée dans l’univers d’un artiste aussi fascinant que déroutant.
Tommy Cash: artist, troll, or both?
Tommy Cash is unlike any other rapper. That's what makes him so successful. Born in 1991 in a poor district of Tallinn, Estonia, he grew up where art and culture were far from priorities. However, he developed a passion for street art and freestyle dance at an early age, which shaped his approach to rap. Inspired as much by Kanye West as by Alejandro Jodorowsky, the multidisciplinary artist and master of surrealism, he developed a unique style that he describes as "post-Soviet rap".
Visually, Tommy Cash is an enigma, sometimes in a white fur coat, sometimes in a floral dress with massive boots, oscillating between provocation and self-mockery. His music videos are surreal works of art, combining grotesque aesthetics, pop references and absurd staging, often verging on the malaise and the genius. He leaves no one indifferent.
Trap, bass music, eurodance, Tommy Cash blurs the boundaries between seriousness and parody, delivering tracks that are completely off the wall, then surprising with ultra-mastered production. This blend of irony and artistic efficiency makes him a veritable E.T. (Eccentric Talent) on today's music scene, a figure who destabilises as much as he fascinates.
Espresso Macchiato between joke entry and stroke of genius
His song Espresso Macchiato a donc été sélectionnée au cours de l’Eesti Laul, l’émission qui choisit le représentant de l’Estonie à l’Eurovision. Tommy Cash était en tête des favoris pour remporter la victoire depuis l’annonce de sa participation et la mise en ligne de son clip. Plan séquence fixe le montrant en train de se prendre un café pendant 3 minutes. Image minimaliste, sans mouvement spectaculaire. Pas d’effet visuel complexe. Tous ces choix sont délibérés. Bienvenue dans l’univers et l’esthétique de tommy Cash, où le côté absurde et décalé est accentué, où l’ordinaire devient bizarre par l’interprétation d’un personnage qui semble se moquer de tout, y compris de l’idée même de clip musical.
Quant à sa performance en live à l’Eesti Laul… on ne savait pas à quoi s’attendre, mais Tommy Cash a immédiatement placé la barre très haut. Habillé d’un costume sur mesure, cravate qui descend jusqu’à ses genoux et un post-it jaune sur son torse sur lequel était inscrit « I love Eurovision ».
Malgré cette nonchalance apparente, ne vous méprenez pas. La prestation est professionnelle et millimétrée, la chorégraphie est exécutée avec soin, tout y est impeccablement orchestré. Il faut dire qu’il avait de qui s’inspirer. L’un des compositeurs d’Espresso Macchiato n’est autre que Johannes Naukkarinen à qui l’on doit le célèbre Cha-cha-cha de Käärijä (Finland 2023) who finished second to Loreen, but certainly first in the hearts of the public.
From kawa to drama, beyond the controversy of Espresso Macchiato in Italy
Comme une saison Eurovision sans son drama ne serait pas vraiment une saison Eurovision réussie, l’Espresso Macchiato de Tommy Cash a a rapidement créé une onde de choc au-delà de l’Estonie, avec des paroles qui ont particulièrement fait parler en Italie !
La chanson joue avec des stéréotypes bien appuyés, à la limite de l’absurde, associés à une Italie traditionnelle et superficielle : le café, les spaghettis, la mafia, l’exubérance, le tout dans un italien appoximatif mélangé… à de l’anglais et à l’espagnol (« Mi like mi coffè very importante" , " Mi money numeroso, I work around the clocko, That’s why I’m sweating like a mafioso, »). Même si la majorité s’en amuse et voit plutôt un hommage décalé à l’Italie, il n’en fallait pas plus pour que certains y voient une atteinte à leur pays et une instrumentalisation de leur culture pour faire le buzz sur leur dos.
Mais au-delà de cette polémique qui fat réagir certains (les mêmes qui de toute façon n’apprécient ni le second degré, ni l’humour, ni la dérision, ni l’Eurovision), on peut se demander si en 2025 gagner l’Eurovision c’est obligatoirement venir sur scène avec une chanson ET faire du buzz.
Tommy Cash, a professional provocateur?
Son post-it « I love Eurovision » lors de la prestation à l’Eesti Laul semble poser les bases dès le départ. Mais c’est peut-être aussi sa collaboration récente avec son pote Joost Klein (Netherlands 2024) on the track "United by Music" (le nouveau slogan intemporel de l’Eurovision). In a duet with Tommy, Joost Klein doesn't hesitate to rap about his dissatisfaction with Eurovision and its organisation: " Fuck the EBU, I don’t want to go to court" . Remember, il avait été éliminé l’année dernière à cause d’un comportement inadapté vis à vis du staff de l’Eurovision. Il en était ressorti blanchi quelques semaines après. Un feat. à la qualité musicale très discutable mais qui résume bien l’état d’esprit de certains artistes vis-à-vis du concours et de ses enjeux ?
Au fond, est-ce que cette collaboration entre Tommy Cash et Joost Klein sur « United by Music », ainsi que la proximité affichée entre ces deux-là et Käärijä, ne symbolise pas ce vers quoi l’Eurovision semble se diriger ? Un concours où c’est avant-tout le buzz des joke entries qui prime sur la musique elle-même ? A moins que les artistes envoyés à l’Eurovision ne soient finalement qu’un miroir qui reflète l’état d’esprit qu’a le public envers le concours ? Outre que cette année Tommy Cash a placé la barre très très haut, c’est une évolution à surveiller de près, car cela soulève nécessairement des questions sur l’avenir du concours.
Tommy Cash, a breath of fresh air in an overly formatted Eurovision?
Beyond these debates on a style that is not unanimously supported, it is clear that these artists are finding a real echo with the public. Joost Klein, Käärijä, and now Tommy Cash Whether it's euro-trap, electro-dance or a pastiche of traditional Italian music, their music is fresh and fun. It's also more unpredictable and less formatted, contrasting with a Eurovision that's increasingly shaped by the "big boys". writing camps, où la quête de la recette gagnante peut parfois se faire au détriment de l’authenticité. Car qu’on aime ou qu’on déteste, Tommy Cash reste fidèle à lui-même, insaisissable et imprévisible – et c’est précisément ce qui rend l’aventure aussi intrigante.
Even if complaints have been made, Tommy Cash is not risking anything with his song " Espresso Macciato » qui se moque de l’Italie. Les paroles ont été validées par l’EBU. Est-ce que cette audace sera gagnante en mai ? Au vu de l’engouement autour de son personnage, le public suivra. Mais ses provocations frontales et répétées contre l’institution Eurovision et son organisation EBU pourraient se payer cash (hin hin !), notamment avec les votes du jury, à moins qu’un énième grain de sable ne vienne enrayer une machine à provocations déjà bien sollicitée.
One thing's for sure: Eurovision has not finished surprising us and creating a buzz!
The Artist File of Tommy Cash
Tommy Cash – Instagram